Quand il s’agit de marquer ses souvenirs, Yamaha n’hésite pas à dégainer son plus beau porte-étendard : la R1. Par le passé, elle a reçu les hommages pour les 50ème et 60ème anniversaire de la naissance de la marque, et d’autres séries pour son engagement en compétition (R1 WGP 50 Anniversary et 60 Anniversary). Elle a célébré plusieurs fois le MotoGP, ou l’Endurance avec le GMT 94, et honoré certains grands pilotes comme Agostini, Pirovano, Razgatlioglu. Sans oublier les 20 ans de cette sportive avec la série spéciale GYTR de 2019.
Quelques temps plus tard, c’est à dire cette année, l’YZF souffle les bougies de ses 25 ans. Du coup, Yam ressort l’idée d’une éditionGYTR, avec le même type de déco que celle de '19 mais revisité.... et en allant beaucoup plus loin dans le développement. Cette moto emmène son pilote à l’entrée du Superbike, entre les qualifications et la ligne de départ. Le département “Genuine Yamaha Technology Racing” a pu se lâcher de bout en bout, jusqu’à en faire une compé-client prête à sucer la roue des meules du championnat du monde.
Sur la R1 GYTR PRO 25th Anniversary Limited Edition, ce ne sont que des pièces dignes de la plus radicale considération. Tout est pensé et soupeser pour l’efficacité. Vous y trouverez du carbone de partout, pour le carénage, la coque de la boite à air, l’araignée entourant le tableau de bord Chrome Lite I2M, le conduit d’admission d’air forcé, la protection de levier droit, l’intégralité du bâti arrière et plein d’autres composés.
Le bras oscillant ? Remplacé par celui du WSBK ! Les roues ? Des Marchesini en aluminium forgé, entouré de pneus slick Pirelli Diablo Superbike SC2 – dans des dimensions racing : 125/70 à l’avant et 200/60 à l’arrière. Les freins ? Un truc de malade : le maitre-cylindre Brembo à réglage déporté commande des étriers usinés CNC P4 EVO, fabriqué en aluminium avec des pistons en titane. Ce sont les mêmes que les motos jouant la gagne en Mondial SBK. Les disques sont des modèles T-Drive, Brembo également. Pour choper quelque chose de plus costaud, faut aller en MotoGP.
Coté suspensions, difficile de faire mieux que la fourche inversée Öhlins FGR 400. Un véritable bijou, utilisé par les équipes du Suberbike Mondial – la seule différence, c’est l’absence d’un ingénieur dédié pour vous régler les éléments. De quoi demander les contraintes les plus sévères à la R1 tout en profitant d’un toucher de piste de très haut niveau. Rien que ces belles jambes dorées représentent à elles seules le coût d’achat d’une MT-09 SP.
L’arrière est tout aussi redoutable, contrôlé par un amortisseur TTX36 avec réglage pneumatique de la précharge.
Dans le but de doper encore le dynamisme, le réservoir a été largement modifié afin d’abaisser le centre de gravité.
Yamaha execute une belle dose de préparation moteur. Laquelle ne serait être absente vu le tarif délirant de la machine. Cette R1 doit bien cracher ses 220 chevaux, comme la Razgatlioglu Replica de l’an dernier. Le 4-cylindres est dopé avec des arbres à cames et des ressorts de soupapes plus méchants, un joint de culasse et des bougies racing, et la pose de plaques AIS shuntant le système anti-pollution. Il est entouré par un embrayage racing de chez Suter, respire par une ligne complète Akrapovic, refroidit viaun radiateur de plus grande capacité et se voit cravaché par une ECU spécifique Magneti-Marelli. Par-dessus, il profite d’un module GPES (GYTR Pro Electronic System) avec toute l’électronique de contrôle moteur, les assistances électroniques et l’acquisition de données pour exploiter au mieux ses performances. Comme toutes les hypersports modernes, la R1 peut compter sur un contrôle de traction, un anti-wheeling, un launch Control, la gestion du frein moteur et plusieurs mappings moteur mais avec ici un degré de paramétrage beaucoup plus poussé. Comme si vous passiez de la loupe au microscope !
Cette meule est à la limite de la moto d’usine ; pas moins. Hautement qualitative et sélective, cette R1 n’est pas complètement inédite. Une série de pièces la composant étaient déjà présentes sur la très spéciale R1 VR46 Tribute, que Yamaha avait offert à Valentino Rossi pour sa retraite.
Pour développer les pièces GYTR Pro que l’on trouve ici, les ingénieurs Yam ont bossé étroitement avec les équipes du Superbike et de l’Endurance mondiale. Le transfert technologique n’aura même pas eu le temps de refroidir pour ceux qui saisiront les demi-guidons de cette arme technique.
Attention, pour profiter de cet outil très aiguisé, il faut être un excellent pilote. D’emblée, un amateur éclairé ou un bon pistard sera époustouflé par la qualité du matos. Mais un important bagage est nécessaire pour véritablement exploiter ce missile. Déjà, la disponibilité et le prix vont calmer tout le monde. Première étape, mettre de côté 159 000 euros pour espérer en avoir une. Ensuite, croiser les doigts car seulement 25 unités seront produites ; sur commande uniquement et en ligne (https://europe.yamaha-motor.eu/specialunits/reservation/r1-gytr/en). Les R1 GYTR PRO 25th Anniversary ne seront pas produites au Japon mais assemblées dans l’un des GYTR Pro Shops européens - il n’y en a d’ailleurs qu’un en France.
Elles seront livrées dans la première moitié de 2024. Par la suite, chaque propriétaire sera convié à une journée sur circuit avec une équipe de techniciens Yamaha pour peaufiner les réglages de la machine. Il y a fort à parier que certains exemplaires partiront dans des collections privées et ne pourront jamais exprimer leur raison d’être. Quant aux autres, elles apporteront le fantasme absolu à leur pilote.
M.B - images constructeur
PS : Ce concentré de performances, aux multiples pièces dévoué à la compétition, n’est pas équipé de platines cale-pieds réglables... Un oubli de Yamaha ou bien.... Affaire à suivre.
2023
