Moto-Morini a vendu son âme à l’ogre asiatique, et son catalogue s’est radicalement transformé. Il est vrai que le petit constructeur italien n’arrivait pas à sortir la tête de l’eau et sa pérennité n’était plus entre ses mains. Les 1200 Corsaro, Scrambler, Rebello, Gran Passo… ne sont plus qu’un souvenir. L’offre sino-lombarde se présente désormais dans des cylindrées plus modestes et grand public.
Mais le cœur n’a pas disparu pour autant. Là, émergent des mémoires et des émotions, le gros roadster à l’italienne se prépare à revenir et c’est sous l’identité de la Milano que cette réincarnation se prépare. La précédente version avait défendu l’essence Morini jusqu’au bout de ses possibilités et de 2022.
Le retour de la 1200 Milano se profile pour la deuxième moitié de 2024, avec un nouveau design et toujours une forte personnalité. La suavité pleine de force transalpine est bien là, avec son gros V2 laissant transpirer la passion mécanique. Musclée, à la limite de la grogne, accomplie dans sa silhouette et assujettie d’orgueil, la Milano est sans contestation une belle moto. Un brin rétro, subtilement plus cossue, et fondamentalement élégante. Elle apparait véritablement comme la descendante légitime de la précédente génération et non un ersatz qui aurait repris son nom à bon compte.
Si tout l’habillage aété revu sans trahir le personnage, la colonne vertébrale de la machine est largement repensée. Un cadre inédit et simplifié enserre le moteur par un treillis tubulaire en acier, complété par des pattes en aluminium. Fidèle à la tradition italienne, le train avant montre une belle sportivité avec une fourche inversée aux multiples réglages, des disques de frein de 320 mm et de costauds étriers Brembo Stylema 4 pistons à fixation radiale. Contrôlé par un mono-amortisseur, le nouveau bras oscillant tout en alu accuse 4 kilos de moins que l’élément (en treillis d’acier) de l’ancienne Milano. Au total, la nouvelle se situerait sous les 210 kilos (sans carburant).
De quoi faire honneur au majestueux bicylindre Bialbero Corsa Corta. N’oublions pas son indicatif EVO, signifiant qu’il a reçu son lot de modifications (dont une nouvelle gestion électronique) pour passer les normes Euro5+. MM ne s’est pas attardé sur les chiffres mais annonce une puissance de 125 chevaux ; soit 9 de plus qu’auparavant. Certes, on est loin des 140 bourrins et du colossal couple de 13,8 mkg de la Corsa Veloce de la grande époque. Mais si le 1187 cm3 a su retranscrire son caractère, la conduite de la Milano augure des instants intenses.
Cette 1200 Milano est un beau-pied de nez à la déferlante de motos chinoises brandissant les étendards de belles marques d’autrefois (on n’a pas toujours pas digéré le virage industriel de Benelli) sans la consistance. Un beau moteur (même s'il sera désormais fabriqué en Chine), une belle allure, de la fièvre au bout des bielles. Espérons que sa présence sur les routes soit à la hauteur de la prestance.
M.B - Photos constructeur