Dans l’ombre des montagnes japonaises, là où l’énergie ancestrale des samouraïs imprègne l’air, l’histoire de Kawasaki a commencé son voyage épique. C’était une époque de forge et de feu, mais au lieu de lames étincelantes, c’étaient les pistons puissants qui allaient écrire le destin de cette marque emblématique.
La firme ne s’intéressera à la moto qu’à partir de 1949. Mr Shozo Kawasaki s’est d’abord lancé dans la production d’engins militaires et ce n’est qu’à la fin de la guerre qu’il se réoriente vers des activités plus pacifiques. La production de motos a commencé… plus de sept décennies après la fondation de Kawasaki Tsukiji Shipyard. Au début des années 1950, Kawasaki lance d’abord le moteur KE-1, un monocylindre 150 cm³ 4-temps réalisé dans son usine d’aviation de Kobe. Idem pour le KB-5, un 125 cm3 2-temps apparu en 1955 qui équipera (lui et ses autres versions) plusieurs modèles de Meihatsu, marque que rachètera bientôt Kawasaki.
Les premières véritables motos estampillées «Kawasaki» (écusson à drapeau sur le réservoir - l'ancetre du RiverMark actuel ) ne feront leur apparition qu’en 1960 avec le B7 Meihatsu, un 125 cm3 mono qui rencontre un certain succès même si celle-ci est en fait une copie d’un DKW RT125 allemand.
Dans l’éclatante aube des années 1960 va s'illustrer un ingénieur visionnaire du nom de Shinsuke Tamura, dont l’esprit bouillonnait d’idées révolutionnaires. Animé par la passion de l’innovation, il se lança dans la création d’une machine qui transcenderait l’ordinaire, donnant ainsi naissance à la première moto produite en série par Kawasaki : la B8125 cm3 ! Avec un monocylindre 2 temps, d’une puissance maxi de 8 ch à 8000 tr/mn en 1962.
Tamura, tel un alchimiste moderne, fusionna la puissance brute avec l’élégance mécanique. S’inspirant de la B7 de Meihatsu qui utilisait déjà un moteur, un châssis et des suspensions de la marque Kawasaki, celui-ci sculpte chaque pièce avec une précision méticuleuse. Elle devient vite populaire auprès des ouvriers japonais auxquels elle est principalement destinée.
La B8 met à mal la concurrence, en partie grâce à sa transmission à 4 rapports mais aussi par ses suspensions. Pétillante avec ses reflets, la moto se faisait aussi remarquer avec son réservoir de belle capacité, ses capacités en duo, le pratique porte-paquet en option.. et son rapide succès en compétition. La déclinaison "B8-Motocross" remportera les 6 premières place du championnat MX national en 63. L'ancetre des KX était née.
Amélioration fort pratique intervenue dans sa carrière, un carter intégral pour protéger la chaine. Un plus pour l'économie et la propreté, et de quoi préserver les chromes des éructions de graisse. Ainis, sa robe métallique scintillait sous les projecteurs, capturant les regards ébahis alors qu’elle rugissait dans l’obscurité de la nuit. Chaque courbe était une œuvre d’art fonctionnelle.
La B8125 devint une légende roulante, repoussant les limites de la vitesse et de l’élégance. Les rêves des motards s’entrelacèrent avec le rugissement de son moteur, créant une symphonie de liberté et de puissance.
Ainsi, cette première véritable Kawasaki devint le phénix de l’asphalte, renaissant à chaque coup de démarreur comme une affirmation de la puissance et de l’ingéniosité.
Son histoire, c’est celle d’un chapitre audacieux dans le livre des deux-roues, où Kawasaki a tracé son chemin avec panache à travers le paysage motocycliste, laissant derrière lui l’écho inaltérable de son aventure. Et aujourd’hui, son héritage perdure, rappelant aux amoureux de la route que parfois, l’extraordinaire se trouve au bout du guidon.
E. Jolidebu - Photos constructeur
1962