Hesketh fait partie de ces petits constructeurs anglais à la carrière fragile mais pourtant toujours présent malgré les années. La marque n’a rien à voir avec Triumph ou Norton ; elle serait même plutôt proche de CCM ou Levis.
Pour ses 40 ans, elle présente un nouveau petit roadster : l’Heresy. Une moto au positionnement bien moins radicale que les précédentes productions d’Hesketh.
Les connaisseurs ou les curieux se rappellent peut-être des 24, Sonnet et Valiant, avec leurs twins énormes et leurs carrières de faible envergure. Avec l’Heresy, le raisonnable fait son apparition, histoire de proposer une machine plus accessible. Son moteur de 450 cm3 est même étonnant par ce choix de cylindrée. Singulièrement faible pour un engin qui porte un nom et des gênes sportifs.
Y aurait-il une ambition d’aller chercher la clientèle des Kawasaki Z 400, KTM 390 Duke ou Triumph 400 Speed ? Surement pas ! D’autant que l’Heresy porte bien son nom, avec une motorisation modeste et un tarif de BMW S 1000 R. Le monocylindre de chez Hartford (Taiwan) est un dérivé de l’antique bloc équipant la XR 400. Il réussit à passer les normes Euro5, ce qui permettrait à la machine d’envisager une carrière en Europe. Plus une gageure qu’un projet. Le pilote devra se contenter d’une trentaine de chevaux (estimation). Une Mash 400 Five Hundred avec quasi le même moteur (mais moins ventru) n’en présente que 27.
Ne lui jetons pas trop de pierres. Ce moteur a quand même un certain charme avec ses ailettes de refroidissement et ses carters chromés et gravés du nom de l’artisan de Redhill. Tout autour de lui, le discours change. On a clairement affaire à du beau boulot avec un cadre treillis tubulaire au chrome-molybdène au design proche des anciennes Moto-Morini 1200.
Pour les suspensions, Hesketh a installé une fourche inversée Fastace aux multiples réglages et un duo d’amortisseurs arrières K-Tech. Le freinage intervient avec deux disques à l’avant et des étriers radiaux à 4 pistons. Costaud voire trop pour le niveau de performance. Un seul disque à l’arrière, avec un étrier à 2 pistons.
Les artisans anglais ne comptent pas que sur la technique. Certains effets sont là pour témoigner de la passion qui les habitent. Regardez les flutes d’échappement sous la selle, la liaison très particulière entre le bras oscillant en aluminium et les amortos, la selle en cuir gaufrée, les bocaux de frein et d’embrayage très stylés, le bord des jantes poli, et le petit logo 40 ans sur le dessus du réservoir.
L’Hesketh 450 Heresy accuse un poids de 165 kilos. Ce n’est pas spécialement léger pour un 4 et demi. Et dire que le XR 400 dont nous parlions n’atteignait même pas les 130 unités.
Ce sera le modèle le moins cher qu’aura commercialisé la marque. Mais il faudra vraiment avoir le coup de cœur et oublier toute considération raisonnable pour donner sa chance à cet engin.
Par-dessus cela, saluons l’existence et la ténacité des petites marques, ayant le pouvoir de nous sortir parfois des petits engins au gout surprenant.
M.B - Photos constructeur
2023
