Pour s’assurer un haut niveau de performances, les gros roadsters méchants sont depuis longtemps des versions dénudées d’hypersports. Assagis la plupart du temps, pour coller à un usage street & route. Sauf qu’avec la Streetfighter V4, Ducati a effacé toute notion d’apaisement entre la sportive et la naked. Aller plus loin serait insensé... Donc, ils l’ont fait.
La Streetfighter V4 SP vient enrichir la famille, étant le modèle à très hautes performances le plus ahurissant. Comme son nom l’indique, elle est dérivée de la Panigale V4 SP. Rien de moins que la version juste en dessous de la R, avec quasiment le même niveau d’efficacité pour les très bons pilotes – La V4R dévoile sa supériorité dans les mains d’un pro.
SP pour Sport Production. Bien que le mot sport se transformera vite en racing. L’engin présente une démesure tout autant déraisonnable qu’enivrante.
Ne nous jetons pas tout de suite sur le moteur. Jaugeons auparavant du bon et du fondé apportés avec ces initiales à l’écho excitant. Les ducatistes auront reconnu la déco identique à celle de la Panigale: la «Winter Test» comme on dit à Bologne. Un noir profond avec des saillies rouges, exalté par un réservoir en aluminium brossé. C’est beau, démoniaque, puissant et effrayant en même temps.
L’un des gros atouts de ce super hyper-roadster sont ces nouvelles jantes en carbone, en provenance directe de la Superleggera V4. Le gain de poids par rapport à celles en alu forgé du V4 S se monte à 1,4 kilo. Cela permet en gain en agilité nettement sensible vu que l’inertie des roues est réduite de 26% à l’avant et 46% à l’arrière. Avec ses ailerons et son garde-boue avant en carbone, de nouveaux et superbes cale-pieds en aluminium usinés CNC et réglables en de multiples points, l’adoption d’une batterie au lithium plus quelques autres pièces spéciales, le Streetfighter V4 SP perd 3 kilos sur sa masse totale.
Les passionnés de l’ancienne époque Ducati seront ravis de la présence d’un embrayage à sec. Son bruit caractéristique donne de l’émotion, encore plus avec le cache en carbone ajouré laissant voir l’essentiel de sa technique. Alain C. baverait dessus. Ce modèle STM-EVO SBK apporte plus d’efficacité coté anti-dribble et permet de transformer un tout petit plus de puissance.
Au moment de freiner, aucune retenue à avoir si ce n’est d’encaisser la force des étriers de frein. Ils sont améliorés en passant au Stylema R; du mieux depuis le top du top de série que sont les Stylema normaux. La commande n’est rien de moins qu’un maitre-cylindre Brembo MCS 19.21.
Ducati a pensé à quelques petits détails pour parfaire le charme à l’italienne. Une belle selle en alcantara avec le logo V4 SP brodé et des surpiqures rouges, le drapeau italien peint sur les winglets, la mention Ducati Corse sur le sabot moteur, et aucune place pour le passager. L’engin est trop exclusif... et égoïste.
Le Streetfighter V4 SP se base sur le châssis, le moteur et l’électronique de la version S. cela permet de récupérer les suspensions Öhlins pilotées. Une fourche inversée NIX 30 de 43 mm et un monoamortisseur TTX36 dont les réglages sont commandés en temps réel par l’unité SMART EC 2.0.
Toutes les assistances sont au garde-à-vous, mélange de peloton et de commandos. Il y a les 3 Modes de conduite, la centrale inertielle à 6 axes, les contrôles de traction / wheeling / glisse / frein moteur, le système d’auto-calibration des pneus, l’assistant au départ arrêté, le shifter Up&Down et l’ABS cornering.
Ca va trop loin! On pensait que seul MV-Agusta pouvait pousser le curseur du déraisonnable à ce niveau. Mais non: la Streetfighter V4 SP fait grimper le roadster du Ducati à un niveau d’exclusivité stupéfiant. Ce n’est même plus une question de puissance; c’est un engagement vers l’hallucinant.
Chaque exemplaire sera numéroté, avec son id au milieu du guidon. Il ne coutera «que» deux fois le prix du nouveau Streetfighter V2.
M.B - Photos constructeur
2022
